Il y a 4 semaines, je croisais l’arrivée de la dernière étape du Marathon des Sables 2016, terminant une aventure forte et riche en expériences et émotions. Quatre semaines déjà et pourtant, j’ai l’impression que cela était encore hier. Il faut croire que c’est normal car pour plusieurs, c’est l’aventure d’une vie : on y vit des sensations uniques, on se découvre, on pousse nos limites, on rencontre des gens extraordinaires… bref, on carbure à l’adrénaline et aux émotions.
Mais ce carburant n’a pas seulement un coût, il ne convient pas à tous les moteurs et à toutes les routes. Ce constat, je l’ai réalisé brutalement à mon retour au bercail. Soyez sans crainte, j’ai été accueilli comme un héros par ma famille, mes amis et même mes collègues; et oui, mon retour au bureau s’est fait sous les applaudissements lors d’une rencontre hebdomadaire où tous voulaient en apprendre un peu plus sur mon aventure.
On pourrait croire que la période d’adaptation aura été causée par ma réhabilitation physique, des pieds principalement. Ou par le décalage horaire. Non. Le choc, le véritable, je l’ai vécu à deux niveaux. Le premier s’exprime tout simplement par : « What’s next? » Deux années de préparation, de rigueur, de sacrifices, de réussites et d’échecs pour un objectif unique et précis. Une fois atteint et célébré, on ne peut revenir à la case départ. Un peu comme un politicien, le lendemain d’une défaite électorale, son environnement change drastiquement, sans avertissement ni période d’adaptation, il se retrouve seul. En fait, on réalise qu’on a mis tellement de temps à préparer le « Pendant » qu’on a oublié le « Après ».
Le deuxième choc, c’est le retour à l’abondance, la fin de l’austérité des ressources. Pendant 7 jours, nous avons été privés de notre confort et de notre privilège de consommer et pourtant, nous avons survécus. J’ai bien sûr rêvé à une pizza tout garnie, à une crème glacée, à un Grande Latté ou tout simplement, au plaisir de prendre une douche. Mais paradoxalement, ces envies se sont rapidement estompées lorsqu’elles sont devenues accessibles. Cela m’a fait penser au film de Tom Hanks, « Seul au monde », lors de son retour dans la société suite à son passage en solitaire sur son île. Le plaisir de consommer est relatif et éphémère.
Quatre semaines après avoir repris mes esprits, retrouvé mes proches et repris les dossiers professionnels en suspens, je réalise que j’ai grandi… et changé. Si pour plusieurs le MDS constitue le projet d’une vie, pour moi, c’est le projet d’une nouvelle vie. Je ne sais pas encore ce que je ferai exactement mais une chose est certaine : je veux goûter à la vie, je veux la vivre et non la voir défiler devant moi. Je vis dans une société régie par des lois, des règlements, des traditions et des coutumes. Je n’ai pas l’intention de tout changer; je fais seulement le choix de décider quel sera mon chemin. Et constater que je suis une personne de défis, et que ces défis peuvent se trouver autrement que sur le plan professionnel ou financier. A la question qui revient toujours : « Et après? », je réponds aujourd’hui : « Une multitude de défis, peu importe la nature de ceux-ci ». Et pour la course? Elle va se poursuivre, ancrée dans ma routine hebdomadaire et très certainement, je vivrai un ou d’autres ultra-marathons dans un avenir pas trop lointain.
A vous lecteurs, je vous remercie de m’avoir suivi et écrit. En guise de remerciement, je vous fais cadeau de cette réflexion :
« Lorsqu’on pousse ses limites, lorsqu’on sort de sa zone de confort, lorsqu’on fait un choix pour soi et non pour les autres, on réalise qui on est … ou on n’est pas. Et ça, c’est essentiel. C’est vivre. C’est exister. Offrez-vous le tous. »
Super recit Karym! Merci de partager avec nous les avants, pendant et apres les histoire de tes courses. Bravo et vie ta vie a sont meilleur est mon dicton.
Merci Richard! Bien d’accord avec toi.
Que de bonnes idées ! Le MDS t’a bien réussi…Se rapprocher de l essentiel, de la simplicité de la vie, s éloigner un peu de la construction offerte par la société…Bravo ! Et bon « courage » pour le fameux down après la réalisation…c est tout à fait normal et peut être la chance de te rapprocher encore de toi même…Bonne et longue vie
Merci Alain!!
Karym – la chose normale à faire est de prendre une petite pause de réflexion et reprendre le contact avec ceux et celles qui ont eu la patience de te lire pendant deux ans. Ensuite tu vas trouver une nouvelle mission je suis certain.
Qui sait? Peut-être trouveras-tu une route toute autre que celle tracée d’avance par notre société moderne, a bien y penser le monde est un immense terrain de jeu…Toutes mes félicitations pour le MDS et continue de nous faire partager tes passions.
Brilliant writing ! Absolutely agree with you… You can be part of the parade or you can watch it go by. 🙂