Si il y a un aspect de ma préparation du MDS pour lequel j’ai mis beaucoup d’attention, c’est bien celui de la nourriture. Le fait d’être en autosuffisance alimentaire du petit-déjeuner du Jour 1 au déjeuner du Jour 7, nous force à faire des choix. Des choix qui, à première vue semble triviaux mais lorsqu’on s’y attarde plus longuement, on constate qu’ils seront complexes. En effet, on doit trouver l’équilibre entre la dépense énergétique (calories), le poids transporté (grammes), le volume (litres) et les éléments nutritifs requis. De plus, on doit éliminer tout aliment qui ne se conserve pas à la chaleur et pendant près de 10 jours. Finalement, ne comptez pas sur des moyens sophistiqués pour la cuisson – seul l’eau qu’on devra préalablement chauffer, sera disponible pour cuisiner de savoureux plats. Et le soir de préférence car au petit-déjeuner, c’est souvent la cohue entre le lever des participants, le dépouillement du bivouac et la préparation pour l’étape de course quotidienne. Alors, quoi faire?
Déficit énergétique
Soyons clairs, ce n’est pas au cours de cette semaine que je vais prendre du poids… Sachant qu’un adulte sédentaire brûle environ 2,000 calories par jour et qu’on brûle environ 3,500 calories pendant un marathon, on peut en déduire que je vais dépenser près de 5,500 calories par jour de course, à l’exception du jour 4, 5 et 7. Au total, c’est près de 35,000 calories que je vais dépenser lorsque je serai en autosuffisance alimentaire. Deux évidences demeurent : je ne peux transporter l’équivalent en poids et de toute façon, il me serait impensable d’ingérer toute cette nourriture. Je vise donc, à tout le moins, de combler ma dépense énergétique lorsque je vais courir, ce qui correspond à environ 22,000 calories.
Privilégier le sec
On comprend pourquoi les plats lyophilisés sont populaires chez les sportifs : ceux-ci conservent non seulement leurs éléments nutritifs mais surtout, ils sont totalement déshydratés. Et oui, l’eau, c’est votre pire ennemi au niveau du poids : 1 litre, c’est 1 kilogramme. Donc, pour les repas du matin et du soir, j’ai opté pour les plats lyophilisés; des granolas pour le petit-déjeuner, choix intéressant car il se prépare avec de l’eau tempéré donc pas besoin du réchaud. Il fournit également une excellente source de glucides, combustible requis pour les heures de course à venir. Le soir, les plats vont variés entre poulet, bœuf et même 1 repas végétarien. Tous ont un très bon apport en protéines, essentiel à la remise en forme des muscles fortement sollicités pendant la journée.
Le défi, c’est pendant la course. L’enchaînement successif de 6 marathons en 6 jours m’obligera à ne pas négliger ma consommation d’énergie en courant, tout en variant leur source : glucides rapides, glucides lents, protéines et lipides… sans oublier les minéraux. Et tout cela en sachant que mon goût sera altéré, comme ce fut le cas lors de mon 80 km à Bromont. C’est pourquoi j’ai testé plusieurs types de suppléments énergétiques, mon choix s’arrêtant sur 2 marques, pour des apports spécifiques : Gu Roctane et LG1 Sport Drink, tous deux sous forme de poudre. Mais ce n’est pas assez. Alors, m’inspirant de diverses recettes sur le Web, j’ai conçu ce que j’appelle « la barre du désert » : un savant mix de glucides, lipides, protéines, potassium et BCAA. Après 3 essais, j’ai trouvé le parfait dosage me fournissant les éléments vitaux pour l’effort soutenu.
La remise en forme
Trop souvent, après avoir franchi le fil d’arrivée d’une course, j’ai tendance à « oublier » que je dois refaire mes réserves. Et lorsque l’oubli persiste et que la course fut longue, j’en paie le prix dans les heures qui suivent. Alors pour le MDS, j’ai opté pour un « Mass Gainer ». Cette poudre, apprécié des culturistes fournissent un fort apport de protéines, glucides et BCAA. C’est hyper sucré, pas toujours évident à consommer après 5 heures de course mais très bénéfique. A cela, s’ajoutera une barre du désert, permettant à mon corps de reprendre des forces… en attendant le repas du soir!
Les glucides… et le reste
Si les glucides demeurent le carburant le plus facile à fournir au corps lors d’un effort, il ne peut répondre à tous les besoins. Et c’est à ce moment que l’intervention de mon nutritionniste, Nicolas Violette, a été salutaire. Il a non seulement identifié les minéraux et éléments à combler mais aussi quels types d’aliments étaient à privilégier compte tenu des contraintes que j’avais. C’est ainsi que j’ai ajouté des chips, une source élevée de potassium et de glucides, occupant peu de volume une fois écrasés. Ou pourquoi j’apporte une bouteille d’huile MCT (acides gras à chaîne moyenne), gras que notre consomme facilement pour convertir en énergie. Mais le plus surprenant pour moi a été de constater la quantité de sel que je devrai consommer à cause de la sudation. Je devrai donc « consommer » plus de 40 comprimés de sodium au cours des 6 jours!
Le bilan final
Après plusieurs essais, ajouts, retraits, réflexions, j’en suis venu à la conclusion suivante : mon garde-manger va peser 4700 grammes et me fournira 19,000 calories. Est-ce assez? Oui, compte tenu des circonstances. Est-ce trop? Si c’est le cas, je pourrai me départir de certains aliments après le jour 2 ou 3. Mais à ce moment, impossible pour moi d’avoir moins de nourriture. Alors, voilà donc le bilan final, par jour. Croyez-moi, ce fut un défi oui mais également un plaisir de constituer ce « menu du désert »!
Jour 1
C’est à ce moment précis que débute l’autonomie alimentaire. Pour ce premier petit-déjeuner, je vais consommer un repas lyophilisé complet, contrairement aux autres matins, où je ne consommerai que la moitié d’un sachet. L’estomac est en pleine forme donc on maximise l’apport en glucides.
Jour 2
Jour 3
Menu similaire au jour 2 – la demi portion du petit-déjeuner Granola provient du sachet du Jour 2 qui a été consommé à 50%.
Jour 4
C’est LA journée ultime; je m’attends à courir plus de 90 km, ce qui signifie que de 9:00 le matin à 23:59, je serai toujours en déplacement. Cela explique pourquoi le menu est concentré en glucides et ne contient ni les repas d’arrivée et de soirée.
Jour 5
Elle débutera très tôt, soit vers 2:00 du matin, en croisant le fil d’arrivée de l’étape 4. Ce sera un « shake » de Mass Gainer, une barre du désert et vite… au dodo. Le reste de la journée sera consacré à la remise en forme – donc, pas de course. Voilà ce qui explique le menu quelque peu différent des autres.
Jour 6
On repart pour l’épreuve ultime – le « vrai » marathon, soit 42 km. Un menu similaire aux 3 premiers jours.
Jour 7
Oui, le MDS est officiellement terminé mais il reste la dernière étape, non-officielle, soit celle de l’UNICEF. Un « petit 10 km » avant de dire aurevoir au désert et de reprendre une vie un peu plus normale, ce qui veut dire: on pourra manger ce que l’on veut!
Super article Karym.
Profite bien de cette belle aventure unique et surtout amuse toi!!!
Mes respects pour ton aventure.
Nous sommes fiers d’avoir participer à ta préparation tout au long du processus.
Bonne merde comme on dit chez moi.
Damien
Merci Damien! L’équipe Kinatex a été un grand contributeur à ma préparation pour le MDS. Vous serez bien fièrs de votre ambassadeur!!